KALÉIDOSCOPE NARRATIF : ROSE MALLAI ET L’ART DU PUZZLE

Rose Mallai orchestre son récit avec la précision d’un horloger, déployant une structure narrative qui épouse parfaitement les méandres de son intrigue. Le roman s’articule autour d’un dispositif temporel subtil, où les allers-retours entre passé et présent ne relèvent jamais de l’artifice gratuit, mais servent une logique narrative implacable. Cette construction en miroir, où les souvenirs viennent éclairer progressivement les événements du présent, transforme chaque révélation en une pièce essentielle d’un puzzle dont l’assemblage fascine le lecteur.

L’autrice fait le choix audacieux de fragmenter son récit en suivant les mécanismes de la mémoire traumatique, créant ainsi un rythme particulier qui épouse les respirations de ses personnages. Les chapitres s’enchaînent selon une logique émotionnelle plutôt que strictement chronologique, permettant aux lecteurs de découvrir la vérité au même rythme que les protagonistes eux-mêmes. Cette approche narrative, loin de désorienter, guide au contraire vers une compréhension plus profonde des enjeux psychologiques qui traversent l’œuvre.

La polyphonie narrative constitue l’un des atouts majeurs de cette construction. Mallai alterne habilement entre les perspectives, offrant à chaque voix sa propre texture, son propre registre d’expression. Cette multiplicité des points de vue enrichit considérablement la lecture, chaque chapitre apportant un éclairage nouveau sur des événements déjà esquissés, créant un effet de kaléidoscope narratif particulièrement saisissant.

L’équilibre entre tension dramatique et moments de respiration témoigne d’une maîtrise certaine de l’art du récit. L’autrice sait ménager ses effets, alternant les séquences d’intensité maximale avec des passages plus contemplatifs qui permettent aux émotions de décanter. Cette gestion du rythme narratif transforme la lecture en une véritable expérience sensorielle, où chaque page tournée révèle de nouvelles profondeurs à explorer.

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